Une première mondiale à l'HGJ permet à un spécialiste à Toronto d'assister virtuellement à une intervention chirurgicale effectuée à Montréal
Sur cette photo, le Dr Ali Abualsaud (à droite), un cardiologue interventionnel, effectue une intervention à effraction minimale à l'HGJ pour remplacer la valve aortique défaillante d'une patiente. Le Dr Felix Ma, un chirurgien cardiaque travaille avec le Dr Abualsaud. Le Dr Abualsaud porte un casque HoloLens, qui le relie à Caroline Merineau, une spécialiste clinique de Medtronic Canada, à Trois-Rivières, grâce à une plateforme de communication développée par Auger Groupe-Conseil. La technologie numérique du casque est tellement avancée que le Dr Abualsaud et Madame Merineau ont presque l'impression d'être côte à côte dans la salle d'opération hybride à l'HGJ, pendant qu'ils parlent des particularités de la valve artificielle, fabriquée par Medtronic. (Cliquez sur l'une des photos pour l'agrandir.)
La technologie numérique améliorée rationalise les interventions interventionnelles et chirurgicales en temps réel
L'utilisation novatrice de la technologie numérique avancée a permis à l'HGJ d'étendre virtuellement sa salle d'opération hybride jusqu'à Toronto — et les possibilités d'extension n'ont pas de limites.
Cette réussite récente, de ce que nous croyons être une première dans ce domaine à l'échelle mondiale, a été possible grâce à l'utilisation améliorée de la technologie HoloLens de Microsoft.
À la mi-mars, lors d'une intervention chirurgicale effectuée à l'HGJ, le chirurgien a utilisé un casque HoloLens2, dont les lentilles transparentes couvrent les yeux comme des lunettes. Tout ce qu'il voyait par le biais des lentilles, y compris les mouvements de sa main, était transmis instantanément à un spécialiste interventionnel, à Toronto. Les images apparaissaient en temps réel (et sans décalage important) à l'écran de différents ordinateurs.
Le chirurgien porte un casque HoloLens de Microsoft pendant l'intervention. Les lentilles couvent les yeux du chirurgien et lui permettent de voir et de manipuler du texte, des images statiques, des vidéos ou des animations, qui semblent flotter dans l'air.
Par conséquent, le spécialiste pouvait voir tous les aspects de l'intervention avec autant d'immédiateté et de clarté que s'il était dans la salle d'opération, à Montréal (la fluoroscopie radiologique, le suivi des signes vitaux, l'échographie cardiaque, etc., étaient visibles en temps réel à l'écran, le résultat du travail effectué par le Auger Groupe Conseil Inc.)
L'intervention a été effectuée par l'équipe de cardiologie structurelle de l'Hôpital, qui utilise des techniques à effraction minimale pour remplacer des prothèses dans le cœur.
Cela signifie que l'HGJ, en collaboration avec Medtronic Canada ULC et Auger Groupe Conseil, peut dorénavant obtenir plus rapidement et plus facilement l'aide de spécialistes et d'experts — ou fournir de l'aide à ces derniers — en déplaçant virtuellement l'hôpital jusqu'au lieu où ils se trouvent dans le monde.
Jusqu'à maintenant, les consultants externes devaient se déplacer en personne pour conseiller les chirurgiens ou superviser ou enseigner des procédures chirurgicales ou interventionnelles particulièrement difficiles ou peu courantes.
Dans certains cas, un superviseur particulier (appelés « surveillant ») doit également venir sur place pour certifier que les chirurgiens et les interventionnistes possèdent les compétences nécessaires pour effectuer de nouvelles procédures.
Une meilleure qualité de soins chirurgicaux
Pour les patients, cette nouvelle capacité promet une meilleure qualité de soins chirurgicaux, grâce à un soutien possible dans les deux sens : en effet, les médecins à l'HGJ peuvent se tourner beaucoup plus facilement vers des collègues éloignés de Montréal pour obtenir des conseils. Et, les spécialistes de l'HGJ peuvent agir de la même manière pour ceux des autres centres, qui pourraient tirer parti des programmes de pointe de l'HGJ dans le domaine cardiovasculaire et d'autres secteurs médicaux.
Cette innovation signifie également que lorsqu'un participant externe doit participer, l'intervention peut être envisagée au moment qui correspond mieux aux besoins du patient, plutôt qu'à la possibilité de déplacement du spécialiste visiteur.
Des membres de l'équipe qui coordonnent le projet HoloLens TAVI à l'HGJ : (de gauche à droite) Jonathan Marcoux, ingénieur auprès d'Auger Groupe Conseil; le Dr Emmanuel Moss, chef de la Division de chirurgie cardiaque, le Dr Lawrence Rudski, chef de la Cardiologie, le Dr Ali Abualsaud, cardiologue interventionnel, Marlène Bérubé, coordinatrice de l'intervention TAVI; le Dr Felix Ma, chirurgien cardiaque, et Andrew Topaczewski, chef d'équipe de projet à Medtronic Canada.
« Cette technologie a renversé toutes les personnes qui l'ont utilisée », dit le Dr Emmanuel Moss, chef de la Division de chirurgie cardiaque à l'HGJ. « Nous avons réellement l'impression qu'un spécialiste est debout à côté de nous et qu'il nous aide à faire de notre mieux pour le patient ».
Selon le Dr Lawrence Rudski, chef de la Cardiologie et directeur du Centre cardiovasculaire Azrieli à l'HGJ, la nouvelle technologie a été utilisée pour la première fois au début du mois de mars, lorsqu'un patient a subi une intervention connue sous le nom de TAVI, soit le remplacement valvulaire aortique par voie percutanée.
Au cours de cette intervention à effraction minimale, une valve aortique défaillante est replacée par le biais d'un cathéter inséré dans l'aine ou l'artère carotide jusqu'au cœur; ensuite, une valve artificielle est glissée dans le cathéter.
Avant d'en arriver à cette intervention, les trois partenaires avaient effectué des projets pilotes portant sur certaines parties de la procédure. Ils ont notamment utilisé la réalité tridimensionnelle augmentée pour guider la préparation de la valve (connue sous le nom de « sertissage »). De plus, des essais ont eu lieu avec des spécialistes situés dans une salle de contrôle à l'Hôpital, ou ailleurs dans la ville, plutôt que présent dans la salle d'opération.
Finalement en mars, l'intervention intégrale a été effectuée avec un lien à un médecin dans un endroit éloigné. Selon le Dr Rudski, qui est le chef de l'Information médicale au CIUSSS du Centre-Ouest-de-l'Île-de-Monréal, l'ensemble de l'intervention TAVI a été surveillée par un médecin à Toronto, qui pouvait communiquer clairement et facilement avec le chirurgien à l'HGJ qui portait un casque HoloLens2.
Un regard vers l'avenir
Àl'HGJ, l'intervention TAVI est considérée comme un programme mature, donnant des résultats exceptionnels grâce à la collaboration et au partenariat entre les médecins, les chirurgiens, les infirmières et les technologues en radiographie (et de l'appui de plusieurs autres personnes) au sein d'une équipe multidisciplinaire.
Cependant, souligne le Dr Rudski, lors des tests de cette nouvelle technologie, nous avons abordé l'intervention TAVI comme si elle était relativement nouvelle à l'HGJ.
Le médecin à Toronto a joué le rôle de surveillant, c'est-à-dire de superviseur qui assiste à l'intervention pour s'assurer que le chirurgien possède la formation et les compétences nécessaires pour effectuer une nouvelle intervention sans aide.
L'intervention qui a eu lieu en mars était particulièrement remarquable puisque la présence physique du surveillant à l'HGJ n'était pas nécessaire – en fait, il se trouvait à plus de 500 kilomètres – pour qu'il puisse voir et évaluer complètement ce que faisait le chirurgien.
Selon le Dr Rudski, l'utilisation de la technologie HoloLens réduira éventuellement considérablement la nécessité pour certains spécialistes d'effectuer des voyages lointains, fatigants et coûteux d'une ville à une autre, ou d'un hémisphère à un autre, pour assister à certains types d'interventions chirurgicales.
Au cours de l'année écoulée, l'HGJ a piloté le casque HoloLens pour guider à distance plusieurs activités relativement simples comme le soin des plaies et le dépannage de certaines fonctions relatives aux ventilateurs des patients infectés par la COVID-19.
Toutefois, avec la réussite de l'intervention TAVI, le Dr Rudski dit qu'il s'intéressera à d'autres projets plus ambitieux. Notamment l'utilisation de la technologie HoloLens pour l'électrophysiologie (l'évaluation de l'activité électrique du cœur), éventuellement en partenariat avec d'autres centres, pour guider les chirurgiens vasculaires lors d'interventions chirurgicales sur l'aorte thoracique et abdominale, ou encore pour prodiguer des soins à domicile aux patients atteints de problèmes médicaux aigus.
Un ordinateur installé sur la tête
Le centre névralgique de cette nouvelle technologie est un casque HoloLens, en quelque sorte un ordinateur installé sur la tête, qui utilise de multiples capteurs, une optique avancée et qui peut traiter des données holographiques. Les lentilles transparentes permettent à l'utilisateur de voir l'environnement réel, sur lequel des images statiques, des animations ou des vidéos peuvent être projetées. Il s'agit de la « réalité augmentée ».
L'utilisateur peut déplacer les images ou les faire avancer en balayant l'air où elles semblent flotter. De plus, toutes les images, qu'il s'agisse d'une tomodensitométrie ou d'une caractéristique anatomique, peuvent être superposées virtuellement sur le corps du patient.
Toutes ces capacités sont déjà courantes dans l'expérience HoloLens. L'HGJ et ses partenaires ont élargi cette technologie en habilitant un spécialiste situé dans un endroit éloigné à voir exactement ce que l'utilisateur du casque HoloLens (dans ce cas, le chirurgien) voit et fait.
C'est là que l'HoloLens prend toute sa mesure! Les options qui s'offrent à nous soudainement semblent illimitées.
« C'est là que l'HoloLens prend toute sa mesure! Les options qui s'offrent à nous soudainement semblent illimitées. » La personne située dans un endroit éloigné peut également recevoir le flux numérique en direct de toute information supplémentaire requise pour exécuter des procédures interventionnelles complexes comportant plusieurs étapes. Des images réelles peuvent être combinées aux images en réalité augmentée, grâce à une programmation fondée sur la procédure à effectuer.
À cet égard, il n'est pas nécessaire que le spécialiste situé dans un endroit éloigné porte le casque. Seuls une bonne connexion Internet et deux ou trois moniteurs à haute définition suffisent pour afficher ce que le chirurgien voit, des scènes réelles aux images en passant par du texte, des vidéos, etc.
Non seulement le spécialiste et le chirurgien peuvent-ils se parler, mais le spécialiste peut aussi annoter n'importe laquelle des images en écrivant sur une tablette électronique. Ces notes s'affichent instantanément sur les lentilles du casque HoloLens dans le champ de vision du chirurgien et sur l'écran du spécialiste, tout en maintenant le positionnement tridimensionnel.
Le résultat : le spécialiste et le chirurgien peuvent interagir presque comme s'ils étaient côte à côte.
« Chaque fois que j'ai utilisé ce système dans une salle d'opération, je n'ai jamais eu le sentiment de rater quelque chose parce que l'autre personne n'était pas physiquement près de moi », ajoute le Dr Moss. « Elle peut voir exactement ce que je fais et je peux accomplir la tâche de manière transparente ».
« Bien sûr, nous ne nous attendons pas à utiliser la technologie HoloLens pour toutes les interventions », précise le Dr Ali Abualsaud, un cardiologue interventionnel à l'HGJ. « Mais, si nous devons appliquer nos compétences existantes à une nouvelle intervention, la technologie HoloLens permet à un médecin chevronné de se joindre à nous relativement facilement.
Stimuler la mise en œuvre de technologie numérique novatrice
Le Dr Rudski ajoute que la notion d'utiliser la technologie HoloLens pour fournir de l'aide à distance a été discutée initialement en 2020, au début de la pandémie. La réduction importante des déplacements a donné lieu au recours à une solution de rechange numérique à la présence en personne d'un surveillant ou d'un autre spécialiste.
Medtronic Canada s'est engagé, et comme il s'agit d'un fournisseur chef de file de produits et de services dans le domaine cardiovasculaire, y compris de valves TAVI, d'endoprothèses coronaires, de stimulateurs cardiaques et de défibrillateurs.
Auger Groupe-Conseil, une entreprise québécoise d'ingénierie industrielle qui s'est jointe à l'HGJ et à Medtronic a personnalisé la technologie HoloLens pour qu'elle puisse être utilisée à différentes fins, y compris pour l'entretien compliqué et en plusieurs étapes de la machinerie au sein de l'industrie lourde.
Il s'agit d'un exemple parfait de la technologie numérique portée à un niveau supérieur.
Marcel Lafontaine, président d'Auger Groupe-Conseil, a mis à la disposition de l'HGJ l'équipement et le savoir-faire de son entreprise au début de la pandémie, dans l'espoir de rendre l'environnement de travail de l'Hôpital plus sûr. La synergie des équipes qui en a découlé a permis à l'HGJ et au Groupe Auger de collaborer avec Medtronic à ce projet.
Pour Andrew Topaczewski, responsable des partenariats stratégiques à Medtronic, l'un des défis les plus importants était d'éliminer le décalage de transmission, afin qu'il n'y ait aucune différence entre ce que le chirurgien et le spécialiste dans un endroit éloigné voyaient.
Les images affichées sur les écrans du spécialiste situé dans un endroit éloigné proviennent d'un flux informatique direct de l'HGJ, ce qui constitue une autre innovation notable. Cette technologie permet d'obtenir des images d'une qualité considérablement supérieure à celles qui seraient obtenues en orientant simplement une caméra sur les écrans à l'HGJ et de relayer ces images à l'endroit éloigné.
Cette utilisation novatrice de la technologie HoloLens s'inscrit dans le cadre d'un effort plus vaste, dirigé par le Dr Lawrence Rosenberg, président-directeur général du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l'Île-de-Montréal, visant à stimuler la créativité et la mise en œuvre de technologie numérique novatrice dans le domaine des soins de santé et des services sociaux.
Le mandat d'OROT (qui signifie lumière ou illumination en hébreu), l'incubateur de santé connectée du CIUSSS qui s'efforce de réinventer l'expérience des soins de santé, est de transformer les idées en réalité. Cette démarche est centrée sur le patient et soutenue par des données scientifiques à grande échelle.
La philosophie « Des soins partout » est au cœur de la démarche d'OROT, en d'autres mots, se concentrer sur les besoins des usagers des soins de santé et fournir à ces derniers des soins là où ils sont aptes à les recevoir le plus facilement, de manière sûre et pratique.
« Utiliser la technologie HoloLens pour une intervention comme TAVI s'inscrit parfaitement dans cette démarche », note le Dr Rudski. « il s'agit d'un exemple parfait de la technologie numérique portée à un niveau supérieur, pour qu'un spécialiste situé dans un endroit éloigné puisse venir à notre Hôpital de manière virtuelle et participer à une intervention chirurgicale, et vice versa ».
« Il s'agit d'une aide précieuse pour les membres de notre personnel chirurgical, mais fondamentalement, la personne qui en bénéficie le plus est le patient. »